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The Plates of the Present

 » The plates of the present work are impressed by the agency of Light alone, without any aid whatever from the artist’s pencil. They are the sun-pictures themselves, and not, as some persons have imagined, engravings in imitation. « 

William Henry Fox Talbot, "Flowers, Leaves, and Stem", c.1838. Photogramme.
William Henry Fox Talbot, « Flowers, Leaves, and Stem », c.1838. Photogramme.

C’est en reprenant cet extrait de l’introduction à The Pencil of Nature, écrite par William Henry Fox Talbot, que Thomas Fougeirol a choisit d’intituler le projet qu’il développe depuis quelques années avec Jo-ey Tang, et en collaboration avec plus de soixante-dix artistes et autres intervenants. « Les plaques des travaux ici présents » devient ainsi « Les plaques/gravures du présent ».
Les propositions ici réunies sont, pour citer encore Fox Talbot, des « dessins nés de l’agencement de la lumière ». Il s’agit autrement dit, d’empreintes révélées par la lumière sur le papier photosensible, tout comme le sable ou la neige gardent la trace de nos pas le temps d’un instant.
Ces images solaires (« sun pictures ») sont donc le fruit du « crayon de la nature » : la lumière vient délimiter la forme des objets posés sur le papier préalablement préparé, un peu comme quand les enfants tracent le contour de leur main à l’aide d’un crayon ou d’un feutre sur une feuille de papier[1]. Le photogramme est, à ce titre, au croisement entre la photographie et son habileté à capter un instant, et le dessin et son tracé précis. Il relève évidemment du caractère indiciel qu’il partage avec tout processus photographique (depuis les débuts de la photo au XIXème siècle  jusqu’aux expériences de Walead Besthy ou de Ryan Foerster), mais que l’on retrouve aussi dans d’autres médiums, en particulier, depuis quelques années, dans la peinture[2]. La composition, le découpage et la recomposition, tels qu’ils existent dans le collage ou dans la sculpture, peuvent également intervenir dans la réalisation d’un photogramme. On peut donc affirmer qu’il s’agit d’un support qui d’une manière ou d’une autre existe au carrefour d’autres pratiques artistiques. Aussi, sa réalisation, relativement facile, immédiate et accessible à tous, en fait un terrain privilégié d’expériences diverses, non dénuées d’un caractère ludique.

Les artistes participant à The Plates of the Present n’ont pas, pour la plupart, d’attachement particulier à la photographie. Ils (re)découvrent souvent dans ce projet le processus de fabrication d’un photogramme, la chambre obscure du laboratoire, l’odeur des différents bains chimiques, et enfin, l’apparition fantomatique de l’image créée qui se révèle à leurs yeux sur le papier.
L’initiative de Thomas Fougeirol et de Jo-ey Tang consiste moins à produire de nouvelles pièces qu’à engendrer des rencontres entre les nombreux intervenants invités, à lancer des discussions et à échanger des réflexions. La démarche est alors généreuse dans sa durée (la fin de cette expérience n’est pas clairement fixée) ; dans son indétermination (les photogrammes ne sont pas produits en vue d’une exposition en particulier) ; dans sa liberté (les seules contraintes sont le format et l’absence de couleurs) ; mais surtout, dans son intention première qui est celle de l’effervescence des idées, des expériences sur un nouveau support, et la multiplication de rapports amicaux. Voilà le présent que ces plaques photographiques tentent d’enregistrer, blanc sur noir, le temps d’un instant.


[1] C’est une pratique reprenant le même procédé qui inspire à Fox Talbot ses expériences et recherches dans le champ de la photographie : « I then thought of trying again a method which I had tried many years before. This method was, to take a Camera Obscura, and to throw the image of the objects on a piece of transparent tracing paper laid on a pane of glass in the focus of the instrument. […] Such, then, was the method which I proposed to try again, and to endeavour, as before, to trace with my pencil the outlines of the scenery depicted on the paper. […] It was during these thoughts that the idea occurred to me… how charming it would be if it were possible to cause these natural images to imprint themselves durably, and remain fixed upon the paper ! »
FOX TALBOT, William H., The Pencil of Nature (1844-1846), ed. CreateSpace, Londres, 2013.
[2] Ceci inclut toute une série de peintres allant de Robert Ryman à Tauba Auerbach, en passant par Alex Hubbard. On pense également au travail de Thomas Fougeirol lui-même qui applique la peinture sur le canevas à l’aide d’une autre toile imbibée de peinture (l’image qui demeure sur la toile est alors une image négative et indicielle du processus­ de transfert), ou en produisant des couches épaisses de peinture à l’huile qui viennent recueillir et enregistrer les impressions des gouttes de pluie sur la surface de la couche picturale.

Texte écrit en janvier 2014

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